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Stratégie régionale

Depuis le début du XXe siècle, les deux tiers des zones humides ont disparu, et la Corse n'échappe pas à cette tendance. La région subit d'intenses pressions sur de nombreuses zones humides, telles que l'urbanisation, l'imperméabilisation des sols, les pratiques agricoles intensives, la pollution, la présence d'espèces exotiques envahissantes, et les impacts du changement climatique. Ceci est particulièrement préoccupant pour les zones humides situées en périphérie des zones urbaines, le long du littoral, ainsi quelques sites situés en tête de bassin.

Ces dernières années, diverses initiatives de gestion, de restauration, d'information et de sensibilisation ont été entreprises sur les zones bénéficiant d'une maîtrise foncière et d'usage. Plusieurs sites ont également été soumis à des procédures d'acquisition, de classement et d'études approfondies, notamment des études faunistiques, floristiques et de fonctionnement hydro-écologique. L'inventaire régional de 2005, qui recensait 22 000 hectares de zones humides, a été enrichi par l'ajout de zones de taille plus modeste, telles que les mares temporaires méditerranéennes et les prairies humides. De plus, des inventaires spécifiques ont été réalisés entre 2013 et 2017 sur les bassins versants du Liamone, du Bevinco et de l'Acqua Tignese, ainsi que la cartographie des lagunes côtières (code UE 1150*) en 2021. Bien que cet inventaire ne soit pas exhaustif, il nécessite néanmoins d'être complété.

Les réflexions entamées sur la création d’un observatoire régional des zones humides se sont concrétisées fin 2020 par la réalisation d’une interface web et d’une base de données. Cet observatoire se veut être l’organe privilégié de suivi de l’application de la stratégie territoriale en faveur des zones humides, et a vocation à fournir des outils d’aide à la décision pour les gestionnaires et les élus.

Il s’avère toutefois nécessaire de poursuivre et pérenniser les actions engagées en faveur de leur préservation et de leur protection mais également de développer la connaissance au service de l’action et la gestion opérationnelle.

A cet effet, et afin de satisfaire aux recommandations du SDAGE du bassin de Corse en matière de stratégie territoriale d’actions en faveur des zones humides, l’OEC a diligenté une étude permettant de caractériser et localiser l’espace humide de référence (EHR). Cet espace constitue un référentiel pour (i) qualifier les fonctions des zones humides (hydrologique, biogéochimique et biologique), (ii) observer les pressions auxquelles elles sont soumises et (iii) accompagner les acteurs du territoire pour cibler des secteurs à enjeux afin de répondre aux objectifs de restauration profitables à la rétention de l’eau et à l’expression des fonctions des zones humides. Ce référentiel n’a pas de portée réglementaire, cependant il constitue un outil de connaissance, d’alerte et de sensibilisation des acteurs et porteurs de projets utiles pour fonder la politique de l’eau et des zones humides du bassin de Corse et de ses 40 sous-bassins versants.

Cette démarche s’est appuyée sur la méthodologie de l’Agence de l’Eau RMC avec des adaptations au contexte insulaire (seuil de pente et forme du relief notamment). Elle a permis, sur la base d’une approche géomatique, de retenir une superficie de l’EHR de 144 020 hectares, soit 16,4 % du territoire insulaire, de caractériser les fonctions et les pressions, d’identifier les secteurs à forts enjeux qui devront faire l’objet de plans de gestion stratégiques des zones humides (PGSZH), et de définir des objectifs généraux de conservation, de restauration et de gestion des zones humides et de leurs fonctions.

  • Sept secteurs à enjeux prenant en compte 18 des 40 sous-bassins versants et devant faire l’objet d’un PGSZH ont été retenus : 1 est réalisé (Gravona-Prunelli), 1 est en cours de finalisation (Bevinco et étang de Biguglia) et 5 restent à réaliser (sud de l’étang de Biguglia, 2 sur la plaine orientale, Rizzanese-Baracci et extrême sud).
  • En réponse à des enjeux plus spécifiques et localisés tels que la pression d'urbanisation, la présence d'espèces exotiques envahissantes et les pratiques agricoles intensives, 5 plans d'actions locales ont également été suggérés.
  • Le travail de co-construction pour la formulation des orientations et des objectifs pour la mise en œuvre des plans de gestion a abouti à la formulation de 5 grandes orientations et 35 axes d’actions.

L’étape suivante consistera à élaborer et à mettre en œuvre les PGSZH sur les territoires retenus en s’appuyant sur les orientations et axes d’actions retenus, et en veillant à assurer une articulation entre les différents documents de planification ou de programmation (e.g. PBACC, PTGE, SAGE, GEMAPI) dans lesquels des actions en faveur des zones humides sont affichées.

La stratégie territoriale d’actions en faveur des zones humides de Corse est en cours d’élaboration. Elle s’appuiera sur les documents de planifications à l’échelle nationale et régionale à savoir le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux du bassin de Corse (2022-2027), la cartographie de l’espace humide de référence au 1/25 000e à l’échelle de la Corse avec identification des fonctions, des pressions et des enjeux, le 4e plan national d’action en faveur des milieux humides (2022-2026) et le rapport parlementaire sur les zones humides (Tuffnell & Bignon, 2019), mais également sur l’observatoire régional des zones humides de Corse qui constitue l’outil privilégié de suivi et de mise en œuvre de cette stratégie.

Cette stratégie suppose également de mobiliser des outils fonciers (gestion contractuelle, acquisition) et des outils de protection adaptés, de définir des plans d’action contre les espèces exotiques envahissantes, de développer la gouvernance locale et l’accompagnement des acteurs, et enfin, d’informer, de sensibiliser et d’éduquer différents acteurs.